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Historique de la neurologie

Au tournant

du siècle

Au tournant du siècle, les maladies du cerveau étaient mal connues et le traitement de conditions fort variées était souvent le même: on internait les patients dans des asiles d’aliénés.

Évolution des spécialistes médicaux traitant

les maladies du cerveau

Surintendants à l'asile
avant 1890

Les médecins surintendants à l’asile l’étaient par nominations politiques jusque vers 1890. Ils furent éventuellement décriés parce qu’ils n’avaient pas de formation spécifique aux soins des patients dans les hôpitaux d’aliénés.

Aliénistes scientifique
1890-1930

Les aliénistes scientifiques qui remplacèrent les médecins surintendants à l’asile furent nommés en fonction de leur formation. Ils allaient aussi dans les hôpitaux généraux où ils étaient considérés comme spécialistes des maladies nerveuses. Ils furent les prédécesseurs des neuropsychiatres.

Neuropsychiatres
1915-1960

Tout comme les aliénistes formés, les neuropsychiatres allaient parfaire leurs spécialités (la psychiatrie et la neurologie) à l’extérieur. Les canadiens-français allaient en France pour la neurologie et la psychiatrie et aux États-Unis pour la psychiatrie. La neurologie seule n’existait pas à Montréal avant les années 1950.

Neurologues ou psychiatres
après 1950

Aujourd’hui, on est soit neurologue ou psychiatre. Cependant, les progrès scientifiques ont tendance à rapprocher à nouveau ces deux spécialités, comme en fait foi l’exposition que vous visitez actuellement.

Historique de la neurologie au Québec

Wilder Penfield et les neuropsychiatres montréalais

Internat provisoire à l’infirmerie spéciale près de la préfecture de police dans le service du docteur De Clérambault durant l’été 1929.

Assistant-bénévole dans le service du docteur André Thomas à l’Hôpital St-Joseph durant 1928, 1929 et 1930 (troisième de la première rangée)

1884
1897
1904
1908
1919
1920
1924
1924
1927
1928
1928 - 1940
En 1884, lorsque William Osler accepte la chaire de clinique médicale à l’Université de Pennsylvanie, il avait 35 ans et venait d’enseigner 10 ans à l’Université McGill de Montréal.
En 1897, la 67e réunion annuelle du British Medical Association s’est tenue à Montréal. C’était la première fois que cette réunion avait lieu hors du Royaume-Uni. Osler y affirme que de 1820 à 1860, les étudiants américains n’allaient plus à Édimbourg et à Londres mais à Paris… Qu’au Canada l’influence parisienne passait par Édimbourg véhiculée par des interprètes anglo-saxons.
En 1904, A.A Foucher, à l’Association des médecins de langue française du Canada, réalise que «Depuis 30 ans, la France a renoué contact avec nous» Neurology in Paris, Albany Medical Annals, p.1-7, 1904… «There is perhaps no branch of medicine which has undergone more transformation and made greater progress in Paris, within the last few years, than nervous pathology…» affirmait le docteur La Salle Archambault concernant les recherches scientifiques des laboratoires «of Drs Brissaud, Marie, Déjerine, Babinski and others…» «…is easy to appreciate that clinic and pathology go hand in hand most harmoniously, and that the outcome is a steadily and rapidly increasing progress in neurology».
Dans un discours sur «L’avenir de la médecine», prononcé à l’Association des médecins de langue française à Québec, en juillet 1908, le docteur Albert Laurendeau dit que «Ce qui fait que dans Québec et à Montréal surtout, les sociétés médicales prospèrent, c’est que dans ces villes, la nouvelle génération compte un bon nombre d’unités qui sont allées à l’étranger et y ont réformé leur mentalité… de Paris, de Berlin, de Londres, etc… rapportant l’enthousiasme de la science»
Au Québec, le docteur Albert Jutras affirme, dans le journal de l’Hôtel-Dieu de Montréal, qu’attiré par les illustres maîtres de France, un premier groupe de nos jeunes médecins se transporte à Paris entre 1890 et 1900… Après l’armistice de 1919, le gouvernement du Québec octroie des bourses d’étude pour L’Europe ou on y va à ses frais. Il estime qu’environ 400 ont habité la France entre les deux guerres pour s’y perfectionner (Jutras, 1934).
Le journal Le Figaro en 1920 publie la résolution des provinces du Dominion du Canada de fonder à Paris une maison pour les étudiants canadiens. La province de Québec assurait trois bourses annuelles aux étudiants qui se rendaient à Paris.
Roma Amyot, docteur en médecine de l’Université de Montréal en 1924 et de l’Université de Paris en 1930, fit des études complémentaires en neurologie et psychiatrie à Paris. À son retour, il déclare, lors d’une entrevue à «La Presse» le 18 juillet 1930, que «…la médecine française actuellement serait certainement la première dans le monde si le côté laboratoire des études médicales était aussi avancé que le côté clinique…». Il faisait aussi allusion à la montée technologique aux États-Unis et en Allemagne.
Après son doctorat, Antonio Barbeau, docteur en médecine de l’Université de Montréal en 1924, avait étudié en Europe et aux U.S.A. sous la direction de maîtres célèbres : Eudon, Euzière, Derrien de l’Université de Montpellier, …Forbes et Cobb de l’Université Harvard.
Jean Saucier, docteur en médecine de l’Université de Montréal en 1922 et de l’Université de Paris en 1927, avait été résident en neuropsychiatrie à l’Hôpital psychiatrique d’état à Worcester, U.S.A.. Il séjourna trois années à Paris. Ses maîtres : Souques, Guillain et Alajouanine à La Salpêtrière, Babinski à La Pitié, Thomas à St-Joseph. Il fréquenta aussi le Laboratoire Déjerine à l’École pratique de médecine.
Le docteur Edward Archibald, chef de chirurgie générale à l’Université McGill, avait invité le docteur Wilder Penfield à se joindre au personnel de l’Hôpital Royal-Victoria en 1928. L’Institut neurologique de Montréal de l’Université McGill fut fondé par Wilder Penfield dès 1934.
De 1928 à 1940, environ 25 médecins de France donnent des cours à Montréal et à Québec (Pierre Masson, Bulletin des études françaises)

Au début du siècle, plusieurs médecins québécois ont étudié en France à leurs frais ou grâce à des bourses du gouvernement à partir de 1920. L’Institut Franco-Canadien fondé vers 1926 observe aussi le nouvel attrait de centres américains. Émile LegrandJean Saucier et Roma Amyot, neuropsychiatres de retour de France se sont joints au personnel de l’Institut neurologique de Montréal fondé par Penfield en 1934. Il leur apportait la forte technologie américaine. Antonio Barbeau étudia en France et aux États-Unis. Il fait état, en 1944, des avantages et des inconvénients de l’influence anglo-saxonne et américaine sur l’avenir de la médecine canadienne-française d’inspiration française. À ce propos, Penfield écrit à Roma Amyot le 26 décembre 1946 : «…I have always had the feeling that the English and the American cultures have a great need of something that the French on this continent can give them. The problem is always to retain enough independence to allow complete and proper evolution and yet to have an exchange of thoughts and ideas and friendship which will be mutually beneficial». La naissance de la communauté européenne et le nouveau Montréal multiculturel pourraient réactiver le magnétisme qu’a exercé l’Europe via la France sur les médecins montréalais.

 

Avant que le traitement neurochirurgical se développe à l’Hôpital Notre-Dame de l’Université de Montréal, les neuropsychiatres canadiens-français envoyaient le matériel chirurgical à Wilder Penfield à l’Institut neurologique de Montréal de l’Université McGill.

Wilder Penfield et Willam Cone assistaient aux réunions scientifiques en rotation dans les hôpitaux canadiens-français, celles de la Société de médecine de Montréal et éventuellement celles de la Société neurologique de Montréal, fondée par Wilder PenfieldHerbert Jasper y participa après son arrivée à Montréal en 1939, l’année où il inaugura l’EEG à Montréal.

Dans un article faisant allusion aux trois cultures (anglo-saxonne, française et américaine) qui se rencontrent à Montréal : «La croisé des chemins» au journal de l’Hôtel-Dieu de Montréal en 1944, Antonio Barbeau désirait que la médecine canadienne-française demeure attachée au génie français… «sans fermer ses fenêtres à l’extérieur en affichant un nationalisme outré». En 1947, Antonio Barbeau confirmait au journaliste Jean-Marie Morin (Revue Notre Temps, hebdomadaire social et culturel) que du point de vue médical et scientifique, nous avions bénéficié de nos contacts états-uniens et anglophones depuis 25 ans. «…nous avons pu faire à nos aînés le reproche d’avoir été trop exclusivement français… Il est maintenant à craindre que nos jeunes ne le soient pas assez…».

Une convergence du savoir

en neurologie

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